mardi, 13 novembre 2007
Il est si tard...
Il est si tard, il fait, cette nuit de novembre,
Si triste dans mon coeur et si froid dans la chambre
Où je marche d'un pas âpre, le front baissé,
Arrêtant les sanglots sur mes lèvres, poussé
Par les ressorts secrets et rudes de mon âme !
La maison dort d'un grand sommeil, l'âtre est sans flamme ;
Sur ma table une cire agonise. Et l'amour,
Qui m'avait, tendre espoir, caressé tout le jour,
L'amour revient, armé de lanières cruelles,
Lacérer l'insensé qu'il berçait dans ses ailes.
Ô poète ! peseur de mots, orfèvre vain,
Ton vieil orgueil d'esprit succombe au mal divin !
Tu rejettes ton dur manteau de pierreries,
Et déchirant ton sein de tes ongles, tu cries
Ton immense fureur d'aimer et d'être aimé.
Et jusqu'à l'aube, auprès d'un flambeau consumé,
Et promenant ta main incertaine et glacée
A travers les outils qui servaient ta pensée,
Dans le silence noir et nu, pauvre homme amer,
Tu pleures sur ton coeur stérile et sur ta chair.
Charles GUÉRIN (1873-1907)
Recueil : Le semeur de cendres
13:47 Publié dans Un jour, un texte | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, poésie, guérin | | | Facebook
Commentaires
Tout ça me fait penser aux ultimes soubresauts grévistes de ces fonctionnaires désireux de conserver, ce qu'ils appellent, des avantages acquis. Un écrivain n'a pas à militer, ou à exiger de la "communauté nationale", des subsides, des avantages sociaux... Il doit écrire l'écrivain et cesser de se comporter avec cette façon toute prétentieuse de celui qui s'imagine faire de la noblesse.
Suite là: http://andy-verol.blogg.org
Écrit par : Andy Vérol | mardi, 13 novembre 2007
Écrit par : redonnet | mercredi, 14 novembre 2007
Écrit par : absolu | vendredi, 16 novembre 2007
Libre à toi de relancer la rubrique va-et-vient artistique.
Bonne journée
Écrit par : Ambroise | vendredi, 16 novembre 2007
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